
Le méthane, gaz à effet de serre puissant, représente un enjeu majeur dans le secteur de l’élevage, en particulier celui des ruminants. Avec un pouvoir de réchauffement global près de 28 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone sur un siècle, son impact sur le climat est loin d’être négligeable. En France, l’agriculture, et plus précisément l’élevage des bovins, constitue la principale source de ce gaz, avec près de 54 % des émissions agricoles liées à la fermentation entérique et à la gestion des déjections. Face à ce défi, les professionnels du secteur, soutenus par des innovations technologiques et des pratiques adaptées, mettent en œuvre diverses stratégies pour réduire ces émissions. Le recours à une alimentation optimisée, le développement de solutions basées sur la microbiologie et l’amélioration de la gestion des effluents apparaissent comme des leviers efficaces. L’implication des acteurs clés tels qu’Air Liquide, Agriconomie, Innodya et Sodiaal illustre la mobilisation collective pour une agriculture durable et responsable.
Ce qu’il faut retenir
Lire également : Agriculture vivrière : tout savoir sur cette culture essentielle à la sécurité alimentaire
- Le méthane issu de l’élevage des ruminants est responsable de plus de la moitié des émissions agricoles de ce gaz en France.
- Une réduction significative des émissions passe par l’optimisation de l’alimentation et la gestion innovante des déjections.
- Les acteurs du secteur collaborent autour de solutions technologiques pour limiter l’impact climatique.
- Des engagements internationaux imposent une baisse des émissions de méthane d’au moins 30 % à l’horizon 2030.
réduire les émissions de méthane à la source dans l’élevage des ruminants
Les émissions de méthane issues de la fermentation entérique chez les ruminants résultent de la digestion de la cellulose par les bactéries du rumen. Améliorer la qualité de l’alimentation est un levier majeur pour réduire cette production. Introduire des additifs naturels, comme le charbon actif ou certains extraits végétaux proposés par des entreprises comme Neovia ou Valorex, modifie la flore microbienne intestinale et diminue la formation de méthane.
- Intégrer des aliments riches en huiles ou en protéines spécifiques.
- Utiliser des compléments alimentaires à base de plantes ou algues, en développement chez Alltech.
- Réduire la durée de la fermentation entérique grâce à une meilleure digestibilité des fourrages.
L’adaptation de l’alimentation permet aussi d’améliorer la performance animale, réduisant ainsi le temps d’engraissement et la période d’émission de méthane par animal.
A lire aussi : Vendre sa production via les marchés de producteurs
gestion innovante des effluents pour limiter le méthane
Les déjections restent une source importante de méthane dans les exploitations. La gestion de ces effluents, par leur stockage et traitement, joue un rôle clé dans la limitation des émissions. Des solutions innovantes se développent avec l’aide de partenaires industriels comme Air Liquide, qui propose des technologies de valorisation du biogaz issu du lisier. Par ailleurs, la méthanisation devient un moyen efficace pour extraire et valoriser le méthane à partir des effluents sur site.
- Installation de digesteurs pour transformer le lisier en biogaz.
- Utilisation du biogaz pour produire de la chaleur ou de l’électricité auprès des exploitations.
- Valorisation du digestat en fertilisant organique pour réduire l’usage d’engrais chimiques.
Technique | Description | Avantages |
---|---|---|
Méthanisation agricole | Fermentation anaérobie des effluents pour produire du biogaz | Réduction importante des émissions et production d’énergie renouvelable |
Stockage couvert des lisiers | Réduction des fuites de méthane pendant stockage | Moins d’émission de gaz et meilleure conservation des effluents |
Épandage maîtrisé | Réduction des émissions après utilisation des effluents | Limitation des rejets de méthane et protoxyde d’azote |
intégrer l’innovation microbiologique et la collaboration sectorielle
L’innovation microbiologique offre des perspectives prometteuses. Des start-up comme Innodya développent des solutions à base de vermifuges ou de micro-organismes capables d’altérer la production de méthane dans le rumen. Cet axe représente une révolution dans la lutte contre les émissions liées à l’élevage.
- Développement de probiotiques spécifiques pour une meilleure digestion.
- Recherche sur les enzymes digestives réduisant la formation de méthane.
- Partenariats entre acteurs comme Vermes et les instituts de recherche pour accélérer les innovations.
La collaboration entre grands groupes agricoles comme Sodiaal et Lactalis avec ces entreprises émergentes dynamise l’adoption des solutions sur le terrain, combinant savoir-faire technique et expertise agricole.
sensibiliser et accompagner les éleveurs vers des pratiques durables
Pour que les stratégies de réduction des émissions de méthane prennent racine, l’accompagnement des éleveurs est indispensable. Des plateformes comme Agriconomie facilitent l’accès à des conseils techniques et à des produits adaptés. La formation joue un rôle crucial pour faire évoluer les habitudes et encourager la transition vers un élevage plus durable.
- Ateliers et formations ciblées sur la gestion des troupeaux et l’alimentation.
- Mise à disposition d’outils numériques pour suivre les émissions individuelles.
- Soutien aux éleveurs dans les démarches de certification et labellisation durables.
enjeux européens et cadre réglementaire pour la réduction du méthane en élevage
L’Union européenne s’est engagée dans une démarche forte visant la neutralité carbone à horizon 2050, avec des objectifs intermédiaires pour 2030 imposant une réduction d’au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre. La France, à travers la loi énergie-climat, intègre explicitement la réduction du méthane dans ses engagements nationaux.
- Respect des engagements pris lors de la COP 26 incluant une baisse de 30 % des émissions de méthane à l’échelle nationale en 2030.
- Mise en place d’un « budget méthane » dans la stratégie nationale bas-carbone pour un suivi précis.
- Encouragement des pratiques agricoles favorisant les prairies permanentes pour stocker du carbone.
- Appui au redimensionnement raisonné des cheptels bovins, compatible avec la réduction des émissions.
Mesure réglementaire | Objectif | Date cible |
---|---|---|
Réduction émissions méthane agricole | -30 % par rapport à 2020 | 2030 |
Neutralité carbone | Émissions nettes nulles (tous GES) | 2050 |
Label « élevage à l’herbe » | Promotion d’une consommation durable | En cours |
Favoriser l’économie circulaire au cœur des exploitations agricoles
Intégrer la réduction des émissions à travers l’économie circulaire permet de valoriser les ressources à la ferme tout en diminuant l’empreinte carbone. L’application de ces principes favorise la durabilité économique et environnementale.
- Réutilisation des digestats en fertilisants naturels.
- Valorisation énergétique du biogaz produit.
- Promotion de l’agriculture régénérative et des prairies mixtes.
- Collaboration avec des partenaires spécialistes du secteur, comme Arbiom.
gestion collective et solutions pour un avenir bas carbone de l’élevage
Face à l’urgence climatique, la gestion collective des émissions de méthane en élevage rassemble tous les acteurs. L’alliance entre agriculteurs, industriels, chercheurs et collectivités territoriales est incontournable pour mener à bien cette transition.
- Organisation de filières intégrées pour diffuser les innovations.
- Renforcement des réseaux de partage d’expériences et de données.
- Soutien financier et accompagnement technique des exploitations pionnières.
- Déploiement généralisé de technologies de suivi des émissions sur le terrain.
transformation des pratiques alimentaires et attentes des consommateurs
Les habitudes de consommation évoluent, avec une demande accrue pour des produits plus responsables. Le « moins mais mieux » cherche à concilier santé publique, respect de l’environnement et viabilité économique. Cette évolution passe par la valorisation d’élevages à faibles émissions de méthane et nécessite une communication transparente.
- Labellisation des produits « élevés à l’herbe » pour garantir leur empreinte carbone réduite.
- Promotion de la diversification des protéines, en complément de la filière viande traditionnelle.
- Encouragement des circuits courts et des pratiques agroécologiques.
- Sensibilisation des consommateurs aux enjeux climatiques liés à l’élevage.
questions fréquentes autour du méthane issu de l’élevage
- Qu’est-ce que le méthane entérique ?
Le méthane entérique est produit par la fermentation de la nourriture dans le rumen des ruminants, une étape normale de leur digestion. - Comment les innovations microbiologiques réduisent-elles les émissions ?
Ces innovations modifient la flore intestinale pour diminuer la production de méthane, souvent en introduisant des micro-organismes ou enzymes spécifiques. - La méthanisation est-elle rentable pour les agriculteurs ?
Oui, elle permet de valoriser les déchets organiques en énergie et fertilisant, générant des revenus complémentaires et réduisant les émissions. - Quels rôles jouent les acteurs comme Air Liquide ou Innodya ?
Ils développent des technologies et produits innovants pour limiter les émissions et améliorer la gestion des effluents agricoles. - Comment la consommation peut-elle influencer les émissions de méthane ?
En privilégiant des produits issus d’élevages durables et en réduisant la consommation de viande, on peut indirectement diminuer les émissions liées à l’élevage.
Découvrir les innovations en méthanisation au salon Expobiogaz